Biographie de Robert Fred, poète
Devise : Aimer, sinon c’est faux.
Regard et liberté
Ou comment le regard que l’on porte sur le monde agit en nous.
Nous ne pouvons pas être libres physiquement — du moins pas totalement. Il nous faut donc une ouverture, une échappée, une fenêtre. Le regard que nous portons sur le monde n’est jamais neutre : il est action, passage, cheminement.
À travers ce regard, l’être humain se réalise. Il comprend peu à peu son incarnation, découvre sa place, et entre en dialogue avec le réel. Regarder vers l’extérieur devient alors un acte d’introspection, une interaction vivante, une manière de se constituer soi-même.
Parcours
Mes influences littéraires sont multiples et fondatrices : Antoine de Saint-Exupéry, Marc Twain, Hermann Hesse, Rainer Maria Rilke, Blaise Cendrars et Omar Khayyâm. Tous ont nourri en moi cette tension entre le monde et l’âme, entre l’aventure et la pensée.
J’ai écrit mes premiers vers dans un vieux moulin réaménagé par mes parents, que l’on appelait La Tour. Plus tard, en 1988, je découvre véritablement l’univers poétique à Paris, dans le VIe arrondissement, entre la rue des Cannettes et la rue Saint-Sulpice, où je vis dans une modeste chambre de bonne.
S’ouvre ensuite une série de voyages : la Californie, le Yukon, la Guadeloupe. Chacun m’offre un regard neuf. De retour à Genève en 1990, je commence à compiler mes textes. En 1993, paraît mon premier recueil : Regard et Liberté, aux éditions Sauvagines.
En 1994, je suis nommé responsable informatique dans une banque à Genève. Je m’installe à Nyon, où naissent mes deux enfants en 1995 et 1997. Mais mon couple se brise en 1999. À partir de là, je reprends la route.
Consultant international en informatique bancaire, je parcours alors de nombreuses villes : Madrid, Londres, Zurich, Hambourg, Téhéran, Amsterdam, Athènes, Bruxelles, Luxembourg, Guernesey, Paris, Rome. Ce sont des années exigeantes, marquées par le travail de jour, l’écriture de nuit, et un divorce éprouvant.
Publications
De retour à Genève, je reprends l’édition de mes textes. En octobre 2005, je publie Cascades avec Gérard Guy à Paris, suivi de Ogresse (2006), puis Femme (2007).
En 2008, je retourne à Madrid, où je découvre le souffle poétique de Garcia Lorca. De retour à Genève en mars 2009, je publie Terre (mars) puis Tempête (novembre), aux éditions Slatkine.
L’année 2010 est marquée par deux publications : en mai, Pensers, une réflexion sur l’acte même de penser, inspirée des présocratiques, notamment Empédocle d’Agrigente ; en novembre, Éloïse, récit d’un amour lumineux, d’une passion fulgurante, influencé par la lecture de Pierre Chappuis.
À partir de mars 2010, je deviens père au foyer. Je fais alors une pause d’écriture pendant une année, le temps d’habiter ce nouveau rôle.
Mais en janvier 2011, la lecture de Fernando Pessoa me redonne l’élan. En 2012 paraissent deux ouvrages :
- Larmes, recueil sombre né d’une collaboration avec la photographe Anthy Ionnidès ;
- Les Paraboles d’un indigné, poèmes de révolte construits en trois volets : la fracture, le marasme, l’alliance.
En avril 2013, à Paris, je retrouve Gérard Guy. Ensemble, nous créons aux ateliers Castali le Petit guide poétique, enrichi de ses « graphomorphismes », notamment Libre de la liberté, en réponse à l’isolement contemporain.
En octobre, je découvre Anne Perrier, poétesse lausannoise, dont les textes aérés m’inspirent le recueil Chiffons, publié chez Slatkine. Ce livre propose une promenade poétique au hasard du temps, illustrée de mes propres dessins.
En mars 2014, une discussion avec Jovan Robin mène à la création de Partir…, un ouvrage poétique et visuel, dans la lignée du Petit guide poétique.
L’été 2014 est consacré à l’écriture de nouvelles. En 2015, Bourg-de-Four, nouvelle illustrée par Frédéric Naef, paraît chez Slatkine à l’occasion du Salon du Livre de Genève. Ce texte évoque une soirée sur la fameuse terrasse de la place genevoise.
En septembre 2016, Sur le chemin paraît, toujours chez Slatkine. Ce recueil longuement mûri interroge la figure du poète, sa place, sa parole. Il est illustré par Frédéric Naef et préfacé par Gérard Guy.
Vers la maturité
En 2017, lors d’une retraite dans le Haut-Doubs avec mon ami Christophe Oberson, je relis mes livres pour en extraire les textes les plus aboutis. Cette démarche m’ouvre une nouvelle voie d’écriture. De cette introspection naît Poèmes choisis, publié en 2019 chez Slatkine, avec illustrations et introduction de Gérard Guy.
Un poème pour rien naît le 22 août 2016, sur une table de la terrasse du Café LIPP à Genève. Il traverse plusieurs réécritures et rencontres avant d’être publié en 2021 chez Slatkine. Ce poème est une offrande légère : un mot posé, puis oublié, comme une miette de pain laissée au moineau.
En 2023 paraît Entre chien et loup, un recueil inspiré d’un dîner d’automne sur les bords du Lac de l’Abbaye, dans le Jura. Le texte, illustré par Gérard Guy, évoque ce moment suspendu entre le jour et la nuit. Une respiration. Un passage. Une question : qui s’enfuit ? Qui demeure ?